dimanche 27 mars 2011

LE DOCTEUR PETIOT



LE DOCTEUR PETIOT

Bonnes gens, écoutez sans effroi
L’histoire de Petiot qui avait froid
Mais qui trouva le moyen rêvé
Pour se chauffer à bon marché.
Ce Docteur cynique et génial
Possédait le chauffage central ;
C’était très pratique à condition
D’avoir un stock de charbon.
Mais hélas, il n’avait par mois
Que 50 kgs comme vous et moi ;
Avec ça vous comprenez certes
Qu’on peut crever la gueule ouverte.
Lorsqu’un beau jour lui vint l’idée
D’employer un succédané,
Produit de remplacement bien connu
Qui fut découvert par Landru.
Il choisit dans sa clientèle
Quelques sujets du type femelle
En retenant autant que possible
Celles qui semblaient des plus combustibles.
Il en retint d’abord douze ou treize
Qui avaient un regard de braise
Et parmi les plus voluptueuses
Il choisit quelques allumeuses
Plus trois employées de chez Beinot
Qui avaient une tête de moineau.
Un autre cas lui parut bon :
Une malade atteinte du charbon.
Chez lui venaient aussi en foule
Des femmes légères et des poules
Il en choisit aussi là dedans
Pensant : ce sera du tout venant,
Je vais toujours en faire un petit stock
La poule ça peut remplacer le coke.
Puis lorsqu’il eut sélectionné
Il dit : « Maintenant ça va chauffer »
Et toutes celles qu’il avait choisies
Subirent un traitement bien compris.
Pour les habituer peu à peu
Il leur faisait des pointes de feu
« Houille » criaient-elles et lui tout bas
Se disait « Oui, oui, ça viendra »
Il gardait chez lui en lieu sûr
Celles qui faisaient de la température
Pensant avec juste raison
« Ca chauffera toujours la maison ».
A une cliente qui lui disait :
« Docteur, je ne sais pas ce que j’ai
Mais je manque de tempérament
Et je suis lâchée par un amant
Qui me traite de frigidaire,
C’est ennuyeux, alors que faire ? »
Il répondit plein d’à propos :
« Qu’alors y faire ? J’ai ce qu’il faut
C’est un secret que je dévoile,
Je possède un secret au poêle.
Radical autant qu’énergique,
Le système idéal classique.
Vous n’avez qu’à me faire confiance
Et sitôt la première séance
Vous serez bien vite convaincue
Que vous avez le feu au cul. »
Lorsque vint la froide saison
Il fit ses petites provisions
Et sa chère clientèle passa
Par ses soins de vie à trépas.
Ce qui montre par erreur
Que pour réchauffer un Docteur
L’opération la plus urgente
C’est de refroidir ses clientes ;
Il les attirait dans le sous-sol
En les grisant de belles paroles
Avec des coups d’œil incendiaires
Il les appelait mie chaudière,
Ou leur disait d’un air malicieux :
« Viens chez moi, chérie, y a du feu. »
A celles qui semblaient réticentes
Il faisait des promesses brûlantes :
« Viens, je t’apprendrai des nouveautés,
Je te ferai le coup du tisonnier enchanté… »
Si bien qu’au bout de quelques semaines,
Il y eut un stock de deux douzaines.
A la trentaine, il s’arrêta
En se disant : « Ca me suffira.
Je passerai bien l’hiver avec ça. »
Puis il fit un écriteau :
« Pour la fin de tous vos maux
Une seule adresse : Docteur Petiot,
En cas d’urgence, opère à chaud. »
Et tous les matins, sans manières,
Il bourrait à bloc sa chaudière,
Avec une cliente blonde ou brune.
Il appelait ça : en griller une.
Puis il sortait tout fier de lui,
Car il était dans son esprit
Conscient d’avoir bien appliqué
La loi de la femme au foyer.

MORALITE :

Ne laissons pas, c’est dangereux,
Les Petiot jouer avec le feu.

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